Franck Rousseau est responsable du service développement chez Safran Electrical Components à Loches, en France. Le site produit, entre autres, des composants, des protections de câblage, des harnais électriques qui ont la particularité de s’adapter à ce qu’on appelle des environnements sévères. Une expertise recherchée notamment pour des applications militaires. Entretien.
L’expertise du site de Loches sur les protections et la fabrication des harnais spéciaux est aujourd’hui reconnue. Comment y êtes-vous parvenu ?
Franck Rousseau : Chez Safran Electrical Components, nous avons de nombreux métiers et expertises techniques : élastomères, cintrage, soudure, tressage, assemblage, protections PTFE (d’appellation chimique polytétrafluoroéthylène), câblage, couture… Nous les exploitons pour des marchés ciblés. Tout ce savoir-faire nous permet d’être des experts dans la conception et la fabrication de gaines de protection de câblage, de tuyaux spécifiques pour le ravitaillement en vol par exemple, de câblages électriques, etc. dédiés aux environnements sévères.
« Environnements sévères », de quoi parle-t-on exactement ? Sont-ils spécifiques aux appareils militaires ?
F. R. : Pas uniquement. Nos produits doivent répondre à de fortes contraintes. Ils sont positionnés à l’extérieur de l’aéronef, très souvent en zone non pressurisée : c’est cela qu’on appelle environnements sévères. Ils sont donc soumis à des écarts de température, à des vibrations, des chocs, la foudre, des projections de pluie, de sable, de grêle, de produits dégivrants, de graisses… Les appareils commerciaux ou civils ont besoin de ces câblages spécifiques, notamment pour les trains d’atterrissage. Mais les applications militaires que nous développons sont aussi fortement soumises à ces environnements sévères.
Quels sont les programmes et produits militaires que vous équipez ? Quelles sont leurs particularités ?
F. R. : Harnais pour les trains d’atterrissage du Rafale, du NH90 ou encore l’hélicoptère militaire de manœuvre et d’assaut biturbine européen… Nous fabriquons aussi des harnais électriques surmoulés destinés au missile air-sol modulaire AASM. Dans ces deux cas, les harnais électriques se retrouvent très exposés à l’extérieur de l’aéronef. Sur le NH90, et également sur l’EC725, nous avons développé des harnais électriques pour alimenter le dégivrage des pales. Sur ces appareils, la contrainte était de permettre aux harnais d’accompagner les mouvements de ces pales. Nous avons donc créé un produit de forme plate puis évolutive, intégrant les points de fixation. Nous avons mis en œuvre le même système pour des fonctions quasiment similaires, mais avec une autre technologie pour les harnais de dégivrage de l’EH101. Ce sont de véritables défis techniques !
Quelles sont les innovations qui vous ont permis de répondre à ces contraintes ?
F. R. : C’est grâce aux technologies existantes et à notre savoir-faire que nous parvenons à relever ces défis techniques liés aux environnements sévères. Notre connaissance de la transformation du PTFE, de l’élastomère, associée à la soudure, au surmoulage, au tressage (blindage électrique et protection mécanique) nous permet de proposer des formes et matériaux adaptés. Cela nous assure ainsi une intégration optimisée du harnais dans son environnement tout en facilitant l’assemblage final pour nos clients. Nous avons aussi développé à Loches des innovations pour le marché de l’aviation civile, comme des élastomères haute température et nous travaillons à des solutions de connectiques de haute puissance. Comme toutes nos technologies, elles sont et seront évidemment largement transposables à des applications militaires.